Habiba, fille de Harkis que tout destinait à s’enfermer dans la nostalgie d’un pays déchiré par la guerre, présente le visage d’une mutation. Ouvrière dans un atelier de tissage, elle se révèle artiste.
Depuis son arrivée dans le camp de transit de Rivesaltes en 1964, Habiba n’a cessé de se dépasser. Elle intègre la Manufacture de Lodève en 1975, où travaillent essentiellement des femmes et filles de Harkis. Dans ce lieu où se tissent des tapis d’exception, elle devient rapidement cheffe d’atelier. Elle y mène un long combat pour de meilleures conditions de travail et lutte contre la posture postcoloniale de ses supérieurs. L’administration, inquiète de perdre une main-d’œuvre soumise, analphabète et bon marché, la rétrograde. Habiba y reste trente-trois ans, années pendant lesquelles elle prend des centaines de photos des lissières, qui dévoilent le quotidien des femmes de Harkis et l’entre-soi communautaire qui leur est imposé. Avec ces photos, Habiba relate cette discrimination en même temps qu’elle s’en libère.
Aujourd’hui, Habiba est artiste et nous raconte son histoire, appuyée par les témoignages poignants de son entourage, les photos qu’elle a prises au cours de ses années dans l’atelier et ses œuvres d’art.
Réalisation : Laila Saidi & Sébastien Balanger
Production : Point du Jour – Les Films du Balibari, Vià Occitanie & Rouge Productions
Festival Itinérances
Festival "Visions Sociales"